Il n’y a pas que les phénomènes climatiques qui connaissent des excès. Le marché obligataire aussi ! Les mouvements dans le marché obligataire ont été nombreux et violents ces derniers trimestres, devenant accueillant particulièrement à une famille de fonds, les bidirectionnels/flexibles.
Après un spectaculaire retour à la vie du marché en 2023, les spécialistes en fonds obligataires de DNCA Finance jugent les conditions actuelles de marché plutôt favorables aux fonds d’obligations bidirectionnels (absolus) qui s’adaptent aux variations plutôt que de dépendre des mégatendances. Pour preuve, les marchés obligataires ont connu plusieurs vies ces derniers mois avec des vagues violentes successives, haussières et baissières. Et l’avenir reste très incertain. Un conflit géopolitique de grande ampleur, une accélération de l’inflation ou une récession aux Etats-Unis, les déficits croissants dans plusieurs pays, voilà des risques des plus susceptibles d’inverser la tendance selon plusieurs brokers. Tout comme l’élection présidentielle américaine avec son changement de politique économique et ses incertitudes. La volatilité risque de persister.
Avec le point de départ, le pic de l’inflation observé des deux côtés de l’Atlantique, confirmé par une modération du rythme de la hausse des prix, a déclenché un regain d’appétit directement lié aux perspectives d’un assouplissement monétaire de la Réserve fédérale américaine. Un terrain favorable pour les investisseurs qui s’est traduit par une ruée sur le marché des obligations. Leurs vœux étaient de continuer à profiter du rendement encore confortable offert par les obligations d’Etat, avant que ceux-ci diminuent mécaniquement avec la baisse des taux de la Fed. Sous les effets des achats massifs, les rendements, se sont nettement détendus jusqu’à un coup de Trafalgar à la fin de l’été, et des « bulls » qui ont perdu la main.
En effet, réchauffé par les chaleurs de l’été et des données économiques toujours favorables, le rendement de la dette du Trésor américain à 10 ans, avait fini par fondre (trop) rapidement et dévaler de 4,7 % à 3,6 % entre mai et la mi-septembre. Puis, boum ! La baisse des taux jumbo de la FED, de 0,5 %, décidée le 18 septembre, a provoqué un surprenant retour de manivelle. Puis, le marché obligataire a dû revoir sa copie et intégrer la possibilité d’un assouplissement plus lent avec une économie américaine qui reste soutenue et montre encore trop peu de faiblesses expliquent Guillaume Fradin, gérant du fonds LBPAM ISR Absolute return Credit et Jean-Marc Frelet gérant de DNCA Invest Credit Conviction.
Le marché a lu aussi les anticipations électorales qui pimentent les considérations monétaires et techniques. Et les élections ont réveillé le « Trump Trade » avec des choix douaniers et fiscaux qui risquent de redonner de l’élan à l’inflation et d’alourdir le déficit abondent Guillaume Fradin et Jean-Marc Frelet.
Conséquences, le rendement de la dette du trésor à 10 ans est sorti de son creux de l’été et a pris le remonte pente pour atteindre 4,45 % début novembre. Le marché obligataire a enregistré, en octobre, son pire mois depuis 2022, avec une hausse des rendements de 0,5 % dans la majorité des maturités. Il faut encore ajouter que les marchés craignent que la FED ne baisse pas ses taux autant que prévu (six baisses de taux étaient anticipées début d’année). Les chiffres de l’économie mais aussi ceux du marché de l’emploi bien meilleurs que prévus en septembre et octobre pourraient inciter la Réserve Fédérale à réduire l’ampleur de la baisse de taux, voire à les mettre en pause. Ce qui fait vaciller les obligations, » explique Guillaume Fradin.
Dans ce jeu de yo-yo, certains gérants obligataires ont dû s’arracher les cheveux. Avec les fragiles chiffres de l’emploi du mois d’aout, Guillaume Fradin avait profité pour délier des positions, notamment dans le 5 et 10 ans allemand (futures) pour augmenter sa position cash mettant à profit le mouvement de baisse des rendements et en réinvestissant aussi dans des maturités plus courtes. Conséquence, la sensibilité du portefeuille au marché s’est logiquement réduite avec la diminution de l’exposition aux longues maturités et a pu mieux amortir le changement de direction du marché.
Etats-Unis : bien, zone euro : moins bien.
La macro-économie prend son importance dans ces mouvements. Et des signes indiquent que tout va bien aux Etats-Unis et que tout va nettement moins bien en Europe, sans être catastrophique.
Guillaume Fradin avec 22 ans d’expérience et depuis 2020 aux manettes du fonds LBP AM ISR Absolute return, poursuit l’objectif de maximiser la performance en limitant les baisses dans son terrain de jeu des obligations libellées en euro, sterling et dollar. Le risque dans le marché obligataire peut avoir plusieurs visages comme tout logiquement le risque de taux mais aussi le risque de spread (écart de rendement entre les différentes qualités d’obligations), c’est-à-dire la perte de solidité financière d’une entreprise (ou d’un pays) qui va logiquement exiger des investisseurs plus de primes de rendement pour accepter l’augmentation de risques.
Pour Jean-Marc Frelet, le problème de la dette et des déficits pend comme une épée de Damoclès sur les marchés. En effet, le vieux continent offre un profil un peu différent. Et le gérant met en évidence l’histoire de la productivité : « Alors que la productivité en zone euro se situait à 95 % du niveau américain voici quelques années, elle est tombée à présent à 80 %. C’est un réel problème. » Un dur rappel de la triste réalité économique. Avec une plus forte croissance économique qui permet de mieux maitriser un déficit, les États-Unis poursuivent leur surperformance vis-à-vis de l’Europe, alors que la zone euro s’engouffre dans un lent décrochage économique, dans une croissance atone. Et d’autres dangers sont latents, comme le vieillissement de la population, l’Allemagne, légendaire première économie de la zone euro est en panne et peine à fournir des chiffres économiques solides, les derniers ont juste pu esquiver une récession alors que la France, dont le premier partenaire économique est justement l’Allemagne, s’est découvert un déficit abyssal. Et les indicateurs économiques ne prônent pas un optimisme débordant. Cependant l’Italie et l’Espagne mais aussi la Grèce sont les bonnes surprises et contrebalancent un peu ce pessimisme en zone euro. Et néanmoins, le FMI entrevoit le retour de la croissance en Europe en 2025 alors que les Etats-Unis dont la croissance est restée résiliente jusqu’à présent, connaitront un ralentissement modéré de leur croissance. En résumé, une atmosphère qui doit fournir plus de bonnes affaires dans le marché du crédit aux fonds bidirectionnels.
La charpente de notre scénario macro-économique tient à un mot « attention à court terme ». Avec un peu trop d’optimise sur les espérances d’inflation et de taux en Europe, tout peut se renverser, ajoute Guillaume Fradin.
Deux fonds…
LBPAM ISR Absolute Return Crédit se distingue avec l’utilisation de huit stratégies différentes, calibrées et choisies en fonction des différents cycles du marché pour optimiser le ratio rendement/risque, en étant flexible et avec l’objectif de réduire la volatilité, avec un portefeuille de qualité moyenne ‘’Investment Grade’’ avec des marges de manœuvre sur le « High Yield » et pouvant saisir des opportunités à l’international.
Cependant, exceptionnel, en 2023, le fonds a parfaitement surfé sur le début de la baisse des taux et des rendements, engrangeant une plus-value de plus de 8,49 %. Et 2024 est également bien engagée avec une performance qui titille les 7 % avec une performance qui tient le cap malgré la forte remontée des rendements. Et si on excepte l’année difficile de 2022 clôturée avec une perte de 3,43 % (rapidement effacée l’année suivante + 8,49 %), les rendements annuels tendent à osciller autour de 3 % depuis 2019 (rendement annualisé sur 5 ans : 3,03 %).
Enfin DNCA Invest Credit Conviction investi dans un portefeuille IG avec des marges de manœuvres dans l’univers du High Yield. « Nous restons confiants sur le marché du crédit qui devrait bénéficier des potentiels futures baisses de taux et d’une croissance économique, bien qu’en dessous de sa moyenne, positive. De ce fait, nous privilégions toujours le portage. Notre duration est autours de 3 années. Le fonds présente également une performance responsabilité de 4.92, » raconte l’équipe des gérants. Depuis le 1er janvier, le fonds a engrangé 7,21 % de performance, presque deux fois plus que son benchmark Bloomberg Euro Aggregate Corporate Index (+3,93 % au 7 novembre).
Il est important de noter que l’équipe de gestion arrivée en juin 2023 de chez AXA IM n’en est pas à son premier essai. En effet, Ismaël Lecanu et Jean-Marc Frelet co-gèrent une stratégie crédit depuis 2015, qu’ils ont récemment réimplémentée chez DNCA. Cette stratégie se distingue par une gestion de la volatilité sans contrainte, avec une capacité de rebond 2 à 3 fois supérieure à celle de sa catégorie Morningstar et de son indice de référence, tout en maintenant un drawdown maximal similaire.
Par ailleurs, après la correction liée à la crise du Covid, le fonds a réussi à récupérer en un peu plus de 200 jours, tandis que l’indice et la moyenne de la catégorie peinent encore à retrouver leur niveau initial.
En octobre 2024, le fonds a atteint un encours significatif de plus de 500 millions d’euros, confirmant la confiance des investisseurs dans l’approche proactive et opportuniste de l’équipe en à peine l’espace de plus d’un an.