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Pour la première fois en 25 ans, la demande d’électricité va croitre et accélérer. Un point d’inflexion pour l’industrie des énergies renouvelables mais aussi pour les fournisseurs de la chaine qui la compose. Trouver vite de l’énergie à prix abordable va devenir un défi. Les énergies renouvelables (et le gaz naturel) devraient prendre la tête « en raison de leur compétitivité en termes de coûts et de leur disponibilité rapide. » Avec des valorisations historiquement basses, même très basses et un méga trend, Pictet AM applaudit et parie sur ce créneau.

A travers le temps, les principales ressources énergétiques se succèdent en se substituant plus ou moins les unes aux autres selon l’historien Jean-Baptiste Fressoz. Le bois, première énergie de l’humanité a fini par être remplacé par le charbon, le charbon, essentiel à la révolution industrielle par le pétrole et le gaz, dominants au 20e et 21e siècles. Aujourd’hui le nucléaire et les énergies renouvelables semblent s’imposent de plus en plus, et semblent devenir inéluctables de cette succession.

Le mur climatique qui continue de s’affirmer a constitué un des premiers soutiens de l’évolution vers des énergies propres. La santé s’est invitée dans le débat, ajoute Xavier Chollet, Senior Investment Manager chez Pictet AM avec le chiffre de sept millions de personnes qui meurent chaque année victimes de la pollution causées par le charbon et le pétrole. Contrairement aux autres transitions énergétiques de notre histoire, celle d’aujourd’hui des énergies propres, est alimentée par la pression d’une urgence climatique.

En trois années, un megatrends s’est inscrit dans le décor et va propulser plus haut cette demande en énergie renouvelable.

2022, le point d’inflexion

Elle a d’abord été irriguée par les tensions géopolitiques. L’invasion de l’Ukraine en 2022 a appuyé le besoin d’une souveraineté énergétique. Puis l’intelligence artificielle dont l’essor s’est accéléré avec l’émergence de ChatGpt en novembre 2022, va accroitre substantiellement la demande d’électricité.

Portés et incontournables au développement de l’intelligence artificielle (IA), les data centers ont essaimé sur la planète, certes d’une façon inégale puisque 85 % de ces data center restent concentrés actuellement en Europe, en Chine et aux Etats-Unis. Avec le développement de l’intelligence artificielle, l’appétit en énergie de ces machines va plus que doubler d’ici 2030, selon un rapport de l’Agence internationale (AIE) publié cette année. Ces centres de données consommeront à eux-seuls en une année autant d’électricité que le Japon, soit 3 % de l’énergie mondiale. Un défi ! Les auteurs de ce rapport soulignent qu’il s’agit d’une question énergétique urgente et …une des moins bien comprise aujourd’hui, qui s’ajoute à celle de l’urgence climatique.

Conséquence, une accélération de la demande d’électricité sera soutenue par la voracité des centres de donnée mais aussi une résurgence dans l’industrie manufacturière (robotique, refroidissement…) et une démographie favorable.

Et l’explosion des ventes de véhicules électriques, certes un peu moins dynamique dans le monde occidental ces derniers mois mais pas en Chine (+ 5 millions au premier semestre), conjuguée au développement accéléré des infrastructures de recharge va continuer à contribuer, à stimuler la consommation d’électricité dont la croissance dépassera les 2 % annuellement contre une stagnation ou une hausse réduite de 0,5 % depuis 2000. En termes réels, chaque année, le volume annuel de la nouvelle production d’électricité, doit être multipliée par quatre (de 0,5% à plus de 2 %). Faible en pourcentage…mais énorme en terme de volume.

Trouve vite et pas cher

Trouver suffisamment d’énergie et vite à un prix raisonnable va devenir un défi. Même si Donald Trump lorgne le charbon et le pétrole et a signé des décrets pour en doper l’extraction aux Etats-Unis. Les pistes pour la maîtriser cette forte croissance et tenter de juguler les énergies fossiles, sources de nos maux, sont réduites.

Mais, surprise, le maintien de certaines aides au développement d’énergie renouvelables aux Etats-Unis, ont maintenu l’attrait des énergies renouvelables.

Pénurie de turbine à gaz

Théoriquement, les énergies renouvelables et le gaz naturel devraient prendre la tête « en raison de leur compétitivité en termes de coûts et de leur disponibilité sur les marchés clés. Mais avec un bémol majuscule pour le gaz. Les délais de livraison d’une nouvelle turbine à gaz peuvent être considérables, explique Xavier Chollet : Par exemple, aux États-Unis pour un nouveau projet de centrale de production d’électricité à basse de gaz naturel lancé aujourd’hui, on observe typiquement un délai à 2029 pour la livraison des turbines à gaz et ainsi 2030 au minimum pour la mise en route de la centrale. Ces délais pouvaient atteindre jusqu’à sept ans, en raison d’une forte demande croissante, notamment pour ces centres de données.

Face à cette urgence, le spécialiste de Pictet AM constate que les énergies renouvelables offrent un avantage double dans le choix de production d’énergie. Elles sont gagnantes en termes de couts et de temps de déploiement, un dernier facteur devenu important.

L’éolien et le solaire se distinguent. Exemple, face au nucléaire, les éoliennes onshore ont un cout de production par Mega Watt heures (MWh) quatre fois inférieur. Mais surtout, en termes de construction et de mise-en-route, l’éolien onshore exige moins de deux ans pour produire contre attente d’une dizaine d’années pour la construction d’une centrale nucléaire. La mise en fonctionnement d’une centrale solaire est encore plus courte mais le MWH produit reste un chouia plus cher malgré une remise à niveau favorisée par des prix des panneaux solaires qui se sont effondrés et restent facile à déployer. Les Etats-Unis ne peuvent plus ignorer.

A noter que l’éolien offshore reste une solution mais est un peu plus long à mettre en production et plus onéreux que l’onshore tout en restant plus attractif que le gaz.

Si en 2007 plus de la moitié du fonds Pictet Clean Energy Transition était consacré aux titres d’énergies renouvelables, au 31 aout de cette année, leurs poids a fondu à une vingtaine de pourcents. « L’approche est holistique avec des investissements sur tout le long de la chaine de valeur comme les semi-conducteurs par exemple. Mais rigoureuse, basée sur les fondamentaux et les valorisations et en évitant des business modèles non prouvés et des poches non profitables, » explique le gérant du fonds.

Un secteur nettement sous-valorisé

Avec des fondamentaux solides, les principales valeurs du fonds Pictet Clean Energy offrent des sous valorisations évidentes comparées au reste du marché, malgré les promesses de croissance du secteur. Exemple, le FCF/Sales (Free cashflow sur ventes, une mesure de la génération de liquidités d’une entreprise) se monte à 24 % pour le « top 10 » du portefeuille contre 11 % pour le S&p500, le RoE (rentabilité des capitaux propre) se situe à 30 % contre 19 %, le taux de croissance annuel est plus rapide (18 % contre 10 %) ou encore un rapport cours/bénéfice moyen de 18 contre 20 pour le S&P500.

Face à l’IA technologique gourmande en électricité, Iberdrola, parmi dix des plus fortes pondération du fonds Pictet Clean Energy, est un énergéticien dans la production est à la hausse année après année. La rencontre est fatale et profite au producteur espagnol avec son électricité bas carbone disponible et compétitive. Sur les 18 derniers mois, le titre est en progression d’environ 50 % mais garde de l’attrait.

L’expansion des centres de données va continuer de propulser la demande électrique à la hausse. Cette consommation devrait encore grimper faisant des centres de données un véritable moteur de la croissance de l’électricité, tout comme les demandes en matière de fabrication de semi-conducteurs et la production de batteries.

Daniel Pechon

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