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Christopher Dembik, Senior Investment Strategy Adviser, Pictet Asset Management.

Demain, le nouveau Premier ministre M. Barnier va faire son discours de politique générale. L’enjeu est de taille. Le déficit public, initialement prévu à 4,9% du PIB cette année, devrait finalement atteindre 6%. Pour rassurer la Commission Européenne et renouer avec une trajectoire budgétaire plus soutenable, il faudra trouver au moins 30 milliards d’euros d’économie l’an prochain (estimation basse).

Malheureusement, les marchés financiers ont déjà acté le déclassement de la France. Une nouvelle hiérarchie des taux se met en place. Elle ne nous est pas favorable.

Nous aimons bien nous comparer à l’Allemagne – première puissance économique de la zone euro. En réalité, nous devrions plutôt nous comparer au Portugal. En 2017, le spread de taux entre le 10 ans portugais et le 10 ans français était de 300 points de base. Il est aujourd’hui négatif (-20 points de base). Cela signifie que les marchés ont plus confiance dans les finances publiques portugaises que dans celles de la France. C’est justifié.

Le Portugal partait pourtant de loin. En 2010, son déficit public était de plus de 10%. En 2023, il a réussi à dégager un excédent budgétaire. Comment ? Le pays a eu le courage de revoir le périmètre de l’État et s’est abstenu, surtout ces dernières années, d’opter pour la facilité en augmentant la fiscalité – un mal bien français. C’est même le contraire qui s’est produit. L’impôt des entreprises, qui est déjà comparativement bas à 21%, va continuer de baisser pour atteindre 15% en 2027. Le taux des prélèvements publics est resté modéré, à seulement 36% du PIB. Tout a été mis en œuvre pour donner une bouffée d’air frais à l’économie et éviter d’asphyxier l’initiative privée. C’est un succès.

La bonne nouvelle pour nous, c’est que l’exemple portugais nous montre que rien n’est gravé dans le marbre sur les marchés financiers. Un jour, on peut être parmi les canards boiteux de la zone euro. Le lendemain, on peut être parmi les bons élèves. C’est une source d’espoir.

Perspectives

Il y a seulement l’élection présidentielle américaine et le marché du travail américain qui comptent pour le marché des options en ce moment. Bonne nouvelle, nous aurons de nouvelles statistiques de l’emploi en fin de semaine. Attention toutefois à ne pas surinterpréter les chiffres. Ces derniers sont affectés par un nombre inhabituellement élevé d’octroi de visas de travail (60 000 par mois en moyenne contre 40 000 avant la Covid) et par un nombre croissant de travailleurs immigrés illégaux. Sauf accident de parcours, nous considérons que le rapport attendu vendredi va confirmer nos attentes et celles du marché monétaire en termes de baisses de taux. Nous tablons sur deux baisses supplémentaires cette année, de 25 points de base chacune.

Le saviez-vous ?

La flat tax, c’est la mesure fiscale qui marche. La Cour des Comptes rappelle qu’elle rapporte plus dans les caisses de l’Etat que le taux d’imposition pourtant plus lourd qui prévalait précédemment. En outre, France Stratégie a confirmé en 2023 l’impact positif de la flat tax sur les créations d’entreprises. Sans surprise, une fiscalité plus juste encourage la prise de risque…

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