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« Nous n’avons pas d’inquiétude pour le marché américain, plus pour les marchés européens » (Christopher Dembik, conseiller en stratégie en investissement chez Pictet Asset Management.

« Nous restons convaincus que les marchés américains conservent un potentiel d’appréciation non négligeable, malgré les valorisations élevées, » affirme Christopher Dembik.  C’est la seule économie développée qui est résiliente et conserve une consommation extrêmement dynamique. Seul petit bémol, la dynamique immobilière n’est pas très solide. On est toutefois loin d’une crise. C’est plutôt un marché au ralenti. En attendant, l’économie américaine profite de son attrait. Les flux financiers continuent à prendre le chemin des Etats Unis pour y chercher de la performance avec des épargnants qui plébiscitent les investissements en dollar en finançant  le déficit.  Les bons du Trésor américain restent les actifs de référence de la planète finance. Tandis que le programme pro-croissance et pro-entreprise de Trump promet un avenir radieux à Wall Street  Cependant, les investisseurs vont devoir surveiller comme le lait sur le feu les rendements à long terme des bons du Trésor américain avec un seuil fatidique à 5 %…sauf si cette hausse se justifie par une économie en plein boom.

« Certes, le marché n’est jamais à l’abris d’une correction mais la tendance long terme reste positive, » affirme Chistopher Dembik.

Tandis que l’Europe reste peu attirante et devrait continuer à broyer du noir tant la macroéconomie et la microéconomie européennes sont maussades.  Miroir de cette absence de dynamisme, l’absence actuelle de locomotive dans ses grandes valeurs. A l’exception de SAP, aucune action n’a réellement fait le haut de l’affiche cette année. Un peu normal car l’Europe est empêtrée dans de multiples nœuds :  géopolitique, déficits, croissance atone, morosité chinoise qui pèse sur les exportations principalement allemandes, un secteur du luxe en panne. Sans oublier une éventuelle guerre commerciale début 2025 avec des tarifs douaniers installés par la nouvelle équipe de Trump, contre la Chine mais aussi l’Europe. A cette accumulation de problèmes, il faut encore  ajouter celui du cout de l’énergie, quatre fois inférieur aux Etats-Unis.  En conséquence, Christopher Dembik ne peut qu’afficher une toute grande prudence vis-à-vis des marchés Européen avec une banque centrale beaucoup trop lente dans son chemin de réduction des taux, malgré une inflation mieux maitrisée qu’outre atlantique. L’année boursière 2025 pour les marchés européens pourrait se terminer avec une déception. Comme stratégie, la logique de stock picking est à préférer qu’opter pour une pondération du marché.

Le dollar en route vers la parité

Alors que, cerise sur le gâteau, être exposé au marché américain, permet aussi de bénéficier d’une très probable appréciation du dollar déjà soutenu par des rendements obligataires supérieurs au marché européen, et sa croissance supérieure. Le début de l’ère Trump 2.0 est déjà synonyme de dollar fort. Si l’administration Trump applique des tarifs douaniers, le dollar risque de se renforcer encore plus. « Nous ne serons nullement surpris de voir l’euro s’effondrer davantage dans les semaines et les mois à venir. »  Le spécialiste de chez Pictet estime que le dollar peut flirter avec la parité face à l’euro.

Même si le graphique des petites valeurs a montré des velléités de redressement, la vrai dynamique du marché US se situe encore et toujours au sein du segment des grandes  valeurs liées à l’intelligence artificielle, mais pas nécessairement parmi les 7 magnifiques (Amazon, Microsoft, Apple, Tesla, Nvidia, Meta, Alphabet). La thématique de l’intelligence artificielle reste incontournable avec sa forte croissance, mais avec des choix plus orientés dans le digital, à travers des  applications qui peuvent être plus discrètes (exemple, Google qui exploite l’IA pour sa publicité). Alors que les cours de bourse des leaders de l’IA ont progressé d’environ 200 %, une autre manière d’investir, pour éviter les hautes valorisations, est la diversification   à travers la thématiques des énergies propres aux valorisations plus classiques. D’ailleurs,  Amazon a déjà flairé la bonne idée en  passe d’alimenter à 100 % ses activités en énergie renouvelable dès 2025.  Aussi un signe…A noter, ce segment ne devrait pas être pas trop impacté par la politique de Trump. Et les  couts de fabrication de l’énergie renouvelable se sont sensiblement réduits ces dernières années.

La Chine peu convaincante

« Il est trop tôt de s’enflammer sur les valeurs chinoises , » estime le stratège de Pictet AM après les dernières tentatives de relance du gouvernement chinois jugées trop timides pour fournir un boost à l’économie. « Nous restons très prudents envers la Chine, même s’il reste compliqué d’avoir un panorama complet de l’état réel de la santé de l’économie. Il ne faut pas s’attendre à une relance massive mais plus à des mesures d’ajustement comme des refinancements de dette. Une stratégie long/short sur la Chine est plus adéquate de notre point de vue pour capturer au mieux des mouvements, » explique Christopher Dembik.

Luxe, Inde, Or, argent, pétrole…

Nous continuons à croire au luxe sur le long terme amis nous sommes devenus très prudents à court terme.

L’Inde reste un investissement long terme mais se paie avec une prime d’environ de 35 % par rapport aux autres émergent et  appelle à la patiente.  Des premières et petites tensions apparaissent sur certaines devises émergentes et renforcent cette approche de prudence.

Sans choc extérieur et avec une économie chinoise qui reste convalescente, les prix des matières vont rester calmes. L’or, par contre, pourrait être le deal de la décennie soutenu principalement par les achats constants des banques centrales. Si ces banques centrales poursuivent leur politique d’augmenter leur proportion d’or, le poids de l’argent, plus discrètement augmente aussi dans leur bilan.  Et le métal blanc, en retard, pourrait finir par être aimanté par l’or dans son mouvement ascendant.

La tendance sur le pétrole reste baissière avec des réductions de production peu respectées au sein des pays de l’Opep. Avec un objectif de 65 $ sur le WTI…

Daniel Pechon

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