Toujours pas de rattrapage ! Malgré une performance positive de 8,3 % dans les deux premiers mois de l’année, l’indice MSCI Europe Smid Cap Index (petites et moyennes capitalisations) ne parvient pas à réduire l’écart de sous performance face au MSCI Europe Large Cap Index (grandes capitalisations) (+11,4 %). De mémoire de gérant, rarement les petites et moyennes capitalisations européennes ont sous-performé dans une aussi longue période (depuis 2023). Le MSCI Europe Smid Cap Index reste à la traîne et continue de souffrir de désamour des investisseurs. Pourtant…
Comme dit la formule, les performances passées ne préjugent pas des performances futures. Car, au cumul des quatre dernières années, le MSCI Smid cap Europe Index affiche un déficit de performance de plus de 40 % sur le MSCI large Cap Europe Index.
Pourtant, dans le passé, c’était les petites et moyennes capitalisations qui décrochaient le pompon et surperformaient les grandes. Dans la décennie s’étendant de 2011 à 2020, le MSCI Europe Smid Cap Index a surperformé le MSCI Large Cap Europe Index de plus de 15 %.
Certes, historiquement, la remontée des taux n’est jamais très favorable à la bourse, et plus particulièrement aux petites et moyennes entreprises. En 2022 et 2023, la sous performance peut éventuellement se justifier par la forte remontée des taux dans la période après covid. Même si ces petites et moyennes entreprises ne sont pas plus endettées que les grandes, si on excepte le secteur immobilier, il est vrai que leur accès au financement est plus compliqué car elles sont jugées plus fragiles, considérées avec une activité moins robuste et disposent souvent de moins de répondant face aux exigences du banquier. Conséquences, les conditions d’emprunt sont plus serrées.
Mais depuis plus d’un an, l’histoire s’est inversée. La BCE imprime un rythme de baisse de taux à chacune de ses réunions avec probablement une sixième dans les cartons avec des chiffres d’inflation qui continuent de baisser (2,4 % en février contre 2,5 % en janvier en euro zone). Mais rien n’y fait, la sous-performance des petites et moyennes capitalisations persiste. Logiquement, elles devraient bénéficier plus favorablement de ce mouvement de baisse des taux, avec plus de facilité à retrouver des financements.

Pascal Riegis co-responsable de la gestion Actions Fondamentales, en charge chez ODDO BHF de la gamme ODDO BHF Avenir sonne la cloche et parie sur la fin de cette mauvaise passe avec un rattrapage fondé sur plusieurs arguments.
Du retard aussi dans les PER
Aujourd’hui, dans un univers large et diversifié, le monde des petites et moyennes a toutes les chances d’effectuer son retour. « La normalisation des conditions financières, un rebond économique, l’effervescence dans les opérations de fusions-acquisitions, et l’adoption de l’IA par les Small et Mid Caps est une promesse de croissance pour les prochains trimestres, » explique le gérant.
Sur la situation de sous-évaluation, l’analyse de Pascal Riégis est sans appel en terme de ratio cours/benefice (PER), plus lisible à travers les “mid-caps”.
« Après plusieurs années de sous-performance par rapport aux sociétés à grande capitalisation, les sociétés européennes à moyenne capitalisation présentent une décote importante vis-à-vis des plus grandes. La prime historique que le marché leur attribuait en raison de leur croissance supérieure des bénéfices, a disparu. En décembre 2024, selon Bloomberg, le rapport cours/bénéfice (« PER ») des « mid-caps » européennes est de 13,4x. Ce ratio apparaît faible à la fois en termes absolus mais il est aussi inférieur à sa moyenne historique depuis 2010 (18,3x) et à celle des actions de grandes capitalisations (14,0x), selon notre analyse (alors qu’il est en général supérieur à celui des grandes capitalisations). »
Cette prime que le secteur entretenait vis-à-vis des grandes capitalisations, est justifiée, liée à un plus fort potentiel de croissance. Souvent focalisées dans des niches de marché, les petites et moyennes valeurs ont plus d’agilité que les grandes quand il s’agit de réorienter leur business vers une nouvelle activité. Puis, les processus de décisions y sont plus rapides. Parties de peu, elles offrent des potentiels de progression des bénéfices plus élevés et plus rapides, le plus souvent à deux chiffres pour les meilleures.
Avec ces caractéristiques, le marché capitalisait par le passé ces petites et moyennes capitalisations 15 à 20 % de plus que le marché.
Perspectives 2025
Les incertitudes pour 2025 restent nombreuses (situation politique et économique en France et en Allemagne, hausses de tarifs douaniers américains, la guerre en Ukraine, etc.). « Cette valorisation semble implicitement déjà tenir compte de certains de ces risques, » souligne Pascal Riégis. Puis à côté de ces incertitudes, il existe une certitude, celle que la classe d’actifs reste nettement et faiblement valorisée, négligée par les investisseurs (à l’exception des gérants de capital à risque – voir ci-dessous).
Une réduction continuelle ou peut-être même accélérée des taux d’intérêt, une amélioration de la croissance économique, des programmes d’investissement paneuropéens, etc. sont aussi des catalyseurs qui doivent faire revivre cette classe d’actif, dont les performances restent peu flatteuses. Après des années de rendement décevant (en termes absolus et avec des faibles valorisations), leur rebond boursier est potentiellement significatif.
Enfin, un autre moteur à la hausse non négligeable s’est ajouté. Il est de plus en plus fréquent que le monde des « small/mid » fait l’actualité les matins de bourse dans la rubrique des opérations de fusions-acquisitions. Et ce type d’événement tend à se multiplier ces derniers mois. Attisées par leurs valorisations faibles, des sociétés de capital à risque sont fréquemment à la manœuvre. Ce phénomène met aussi en évidence que le marché des petites et moyennes valeurs européennes regorge de pépites.
Gérant du même fonds depuis 22 ans
Pascal Riegis est spécialiste des petites et moyennes capitalisations, un stockpicker qui est aux manettes du fonds ODDO BHV Avenir Europe CR-EUR depuis plus de 22 ans. Le fonds a dégagé une performance annualisée de 7,7 % depuis sa création en mai 1999.
Dans un univers large et diversifié, le monde des petites et moyennes capitalisations a toutes les chances d’effectuer son retour. La prudence des institutionnels sur un segment de marché (excepté ceux du capital à risque…) jugé plutôt volatil et risqué, semble de moins en moins justifiée face à une décote de plus en plus criante.