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David Ross, CFA, le gérant américain emblématique de LFDE, n’a pas eu tort. Fin 2024, il avait averti que le marché traverserait des moments difficiles en ce début d’année. La clé de l’investissement reposera sur la prudence pour les prochains semestres a entériné le gérant ces dernières semaines. Au cœur d’une volatilité accrue, le chasseur de stock picking peut réaliser de bonnes affaires. Exemple, l’une des actions favorites de David Ross, ajoutée fin 2024 dans le portefeuille d’Echiquier World Equity Growth, a bondi de plus de 50 %.

David Ross, le gérant américain d’Echiquier World Equity Growth, un fonds de conviction axé sur une vingtaine de grandes capitalisations internationales à forte croissance, estime que la vie de gérant s’est nettement compliquée. Le gérant ne le cache pas, la politique menée par Donald Trump depuis le début de son mandat n’y est pas étrangère. « Si Donald Trump ne doit pas être pris au pied de la lettre, il doit être pris au sérieux. Malheureusement, la vie sera plus compliquée pour les gérants actions mais aussi obligataires. Il y aura, sans aucun doute, de nombreuses belles opportunités dans un marché volatil, mais la clé est la prudence. Les investisseurs devront faire preuve d’une grande stabilité pour naviguer dans ce nouveau contexte de marché. Acheter les creux ne sera plus une bonne idée. »

Destination Brésil

Début mai, les principales convictions de David Ross se portaient sur de très grandes valeurs, comme Microsoft ou Amazon. Après l’avoir vendu voici quatre années, le gérant est récemment revenu sur la chinoise Alibaba, avec une valorisation attractive. La politique commerciale américaine menée contre la Chine va contraindre ce pays à s’émanciper de l’économie des Etats-Unis. Le Brésil, qui entretient des liens commerciaux privilégiés et très étendus avec le pays asiatique, sera le premier bénéficiaire de la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine. » Le gérant a ajouté dans son portefeuille de solides titres brésiliens.

Et le gérant de poursuivre : « Dans ce climat d’incertitude, la Fed est incapable d’estimer l’impact des tarifs douaniers sur l’inflation, auxquels il faut ajouter une très probable réforme fiscale dont les pourtours devront être dessinés. Il est nécessaire de surveiller, de scruter le rendement du Bon du Trésor à 10 ans. Un rendement qui approcherait le niveau de 5 % aura pour effet de fragiliser le marché actions. L’économie va s’affaiblir et la politique imprévisible de Trump risque d’accélérer ce ralentissement avec sa stratégie déstabilisante alimentée par une prolifération de décrets.

Face à l’incertitude et l’absence de visibilité, tôt ou tard, l’investisseur finira par exiger une prime de risque plus confortable dans les prix de ses achats d’actions américaines. En d’autres termes, un rapport cours bénéfice plus faible qu’habituellement. Mais ce manque de visibilité risque aussi de conduire les investisseurs à plus de diversification vers d’autres marchés étrangers (Asie, Europe, …).

Après l’investiture de Donald Trump, si les marchés ont rêvé de baisse d’impôts, d’une diminution de la réglementation, ils ont hérité début avril d’un désordre avec la décision d’imposer des tarifs douaniers surprenants et dévastateurs pour les marchés financiers. Ainsi que de la fin d’une ère, celle de l’exceptionnalisme américain.

La trêve sur les droits de douane entre la Chine et les Etats-Unis, décidée en mai, a rassuré mais jugée par certains comme une grande reculade de Trump face à la Chine.

Et David Ross de souligner : « Avec cette dernière décision, nous assistons à la libération du jour… de la Libération, alors que les dégâts économiques causés par les tarifs imposés début avril ont déjà impactés l’économie. Cette libération de la Libération est un nouveau signe de politiques commerciales décidées au jour le jour, ou même d’heure en heure. » De quoi semer un peu plus d’incertitudes et d’imprévisibilités.

David Kruk, Responsable du trading desk de LFDE, se veut constructif. 93 % des actions américaines sont détenues par 10 % des investisseurs.

Cependant, l’investisseur privé américain reste très actif et est omniprésent à Wall Street, détenant 58 % des actions américaines. A chacun des derniers grands reculs du marché de ces derniers mois, l’investisseur privé a été présent en se portant acheteur. Certes, quelques fois en privilégiant des titres explosifs et très volatils comme Palantir ou Tesla.

La libération du « Liberation Day »

Lors du « libération Day » du 8 avril, l’indice de volatilité a explosé, marquant une forte nervosité, anxiété du marché ou même témoignant d’une certaine panique de certains investisseurs. Cependant, avec un vix index qui atteint ou dépasse les niveaux de 30/35, l’histoire a montré qu’au plus tard, en général six mois après, l’investisseur sort gagnant des achats réalisés au cours de cette période de niveau élevé du vix index, explique David Kruk. La démonstration est encore faite car il n’aura fallu, cette fois, qu’un mois pour que les cours rebondissent et touchent même le point de départ, du début avril. David Kruk souligne encore que les autorités chinoises continuent à fournir du support à son marché via des mesures de relance.

50 % en quelques mois

A noter encore, fin 2024, Uber intégrait le titre dans le portefeuille du fonds Echiquier World Equity Growth. Le titre Uber touchait même un plus bas de 55 $ mi-décembre, au plus bas de l’année. Quelques cinq mois plus tard, mi-mai, le titre a solidement rebondi et s’est hissé au-dessus de 90 $, soit une progression d’environ 50 % dans un marché qui n’a pas été favorable. Un bon stock picking…

Enfin, Donald Trump est plus enclin à favoriser un dollar plus faible, David Kruk note qu’une baisse de 10 % du dollar contre euro coûte 2 à 3 % aux bénéfices des entreprises européennes. Coté 1,03 début janvier, l’euro s’est ensuite envolé vers 1,12-14. Mais Pierre Puybasset, Porte-parole de la gestion LFDE, souligne judicieusement que l’euro dollar avait déjà touché 1,12 en septembre 2024. A tenir en compte…

Daniel Pechon

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