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Décision retardée, mais pas remise en cause

César Pérez Ruiz, CIO et responsable des investissements, Pictet Wealth Management.

REVUE HEBDOMADAIRE

En fin de semaine dernière, le ralentissement de la hausse des salaires et un rapport soulignant la nette accalmie du marché de l’emploi non agricole en avril ont dopé les actions américaines. Le président de la Fed, Jerome Powell, a également rassuré les investisseurs en jugeant une nouvelle hausse des taux «peu probable». Un chiffre d’affaires rassurant et le programme de rachat d’actions d’un géant de la technologie ont enfin permis au S&P 500i de sortir de sa léthargie pour enregistrer un gain hebdomadaire de 0,6% (en dollars). En zone euro, malgré la reprise du PIB au premier trimestre et une inflation limitée en avril, le Stoxx Euro 600ii a reculé de 0,3% (en euros), tandis que les actions asiatiques (hors Japon) restaient soutenues par la Chine. Les commentaires conciliants de Jerome Powell et le rapport sur l’emploi d’avril ont soulagé le marché des bons du Trésor américain, les rendements obligataires européens reculant également, mais dans une moindre mesure. Le yen s’est nettement redressé après une probable intervention des autorités japonaises, tandis que le ton accommodant de la Fed affaiblissait le dollar.

CITATION DE LA SEMAINE

Interrogé le 1er mai à propos du risque de stagflation, Jerome Powell a déclaré: «Je ne vois ni ’stag’ ni ‘flation’. Selon moi, il est peu probable que la prochaine action de la Fed soit une hausse des taux.»

INDICATEURS CLÉS

L’emploi non agricole s’est accru de 175 000 postes en avril, un niveau en baisse par rapport au chiffre révisé de 315 000 pour mars et en deçà des attentes du consensus. Le taux de chômage est passé de 3,8% à 3,9%. Dans le même temps, le salaire horaire moyen a progressé à un rythme annuel de 3,9% en avril, contre 4,1% en mars.

En zone euro, la croissance a accéléré au 1er trimestre, progressant de 0,3% en rythme trimestriel, contre -0,1% au 4e trimestre 2023. L’Allemagne a connu une reprise notable, la croissance atteignant 0,2% contre -0,5% au 4e trimestre 2023. L’inflation globale est restée inchangée en avril à 2,4% en rythme annuel, mais l’inflation sous-jacente a chuté à 2,7% contre 2,9% en mars.

En Chine, l’indice officiel des directeurs d’achat (PMI) du secteur manufacturier s’est établi à 50,4 en avril, en légère baisse par rapport aux 50,8 enregistrés en mars, mais l’indice des directeurs d’achat Caixin est passé de 51,1 à 51,4. Dans le même temps, le PMI non manufacturier officiel a chuté à 51,2 en avril, contre 53 en mars.

ANALYSE DES MARCHÉS

L’accalmie observée sur le front des salaires et sur le marché de l’emploi aux Etats-Unis, ainsi que les commentaires plus conciliants de Jerome Powell, suggèrent que la Fed est désormais dépendante des données. L’annonce de son président concernant l’ampleur et le calendrier des mesures tournant le dos au resserrement quantitatif a également rassuré les marchés. Avec à la clef une baisse des taux retardée, mais pas remise en cause. Nous anticipons deux baisses des taux cette année, à partir de juillet. Le prochain indicateur à surveiller sera l’inflation aux Etats-Unis, publiée le 15 mai.

Sur les marchés, nos thèmes 2024 des fusions-acquisitions et rachats d’actions sont renforcés par une activité dynamique: une offre en numéraire pour une entreprise américaine du secteur du divertissement et une offre publique d’achat pour une banque européenne. La semaine dernière a été marquée par plusieurs annonces de rachat significatives, dont la plus importante de l’histoire. Une émission d’obligations convertibles offrant une prime de 37,5% a rappelé que, compte tenu de valorisations élevées et de coûts de financement très élevés, ces instruments constituaient une option intéressante pour les entreprises en quête de capitaux.

Nous relevons nos prévisions de croissance annuelle pour la zone euro de 0,6% à 0,8% après les chiffres meilleurs qu’attendu du premier trimestre. A court terme, les évolutions macro et microéconomiques favorisent les actifs risqués. Mais les marchés ne sont pas à l’abri d’un ralentissement ou d’un regain des risques géopolitiques. Nous surpondérons l’or.

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