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Les performances du capital risque restent constantes avec des rendements annuels supérieures à 10 %. Le secteur a gagné en maturité et attirent de plus en plus de clients privés. Conditions : disposer d’un gros ticket et pouvoir mobiliser l’épargne une dizaine d’année.

Les dernières statistiques sont sans équivoque. Si, 64 % des clients de banques privées déclarent avoir des actions, soit 5 points de plus qu’en 2023, l’Observatoire de Swiss Life Banque Privée 2024 témoigne que le private equity fait plus que tirer son épingle du jeu. En 2024, 23 % des sondés aisés, affirment détenir du capital-risque, contre 14 % en 2023. L’Affo confirme cette tendance. « L’appétit pour le non coté continue d’augmenter tous les ans, et représente désormais 23 % des portefeuilles des family offices », note l’Affo.

Conséquence et évidence du succès croissant du capital-risque, le nombre de société cotée aux Etats-Unis a été divisée par deux depuis le milieu des années 90. Une des raisons, la présence graduelle des fonds de capital-risque. Et contrairement à l’Europe, les fonds de pension US ont une exposition plus large, d’environ 30 % au private equity.

En effet, Il est un paramètre de marché qui persiste pour les plus petites entreprises en Bourse. Les dirigeants d’entreprises cotées, rencontrent de vrais problèmes de liquidité en Bourse et ils sont fatigués de la cotation qui s’assèche depuis des années, avec une baisse persistante de l’intérêt des investisseurs pour les petites et moyennes capitalisations malgré une valorisation faible.

Le capital-risque investit dans l’économie réelle a rapporté 11,7% en moyenne pour 2023, contre 12,1% en 20. De quoi dynamiser la performance d’un portefeuille, quand bien même, le capital investi n’est pas garanti. La brutale hausse des taux a un peu écorné les rendements de ces fonds ces dernières années mais sans casser la barre des 10 % annuel. La baisse des taux entamée cet été peu redonner un peu de souffle à ces performances. Une condition est d’avoir un regard qui porte sur une dizaine d’années.

Louis Flamand, CIO d’Altaroc a déjà été mêlé au métier il y déjà plus de 16 ans : « La classe d’actif du capital risque commence à arriver à maturité. Les retours sur investissement ont été bons ces10 dernières années. Beaucoup de firmes se sont structurées, institutionnalisées, et ne sont plus les petites entités ou boutiques du début des années 2000. La pierre angulaire du métier est basée sur l’expérience de ses gérants. Aujourd’hui l’univers des fonds est de plus en plus organisé avec des firmes qui peuvent se targuer d’une expérience, avec 20 ans d’histoire. Les plus gros risques de capital qui collaient à l’activité il y a 10 ou 20 ans, sont plus faibles aujourd’hui. »

« On n’investit pas, on s’engage »

Pour composer leur portefeuille, les fonds de private equity chassent des entreprises souvent non cotées, qui recèlent un potentiel inexploité, susceptible d’être libéré, en appliquant des plans ambitieux. Pour y parvenir, le fond de private equity prend une participation au capital, et participe à la vie de l’entreprise, en accompagnant les dirigeants, en les aidant dans leurs réflexions stratégiques, à les diligenter de changer de dimension, d’organisation, de stratégie, et en les finançant. Une vertu de maturité que peut apporter le capital-risque. « On n’investit pas, on s’engage. » stipule le CIO d’Atlaroc. En général, l’investissement dans une entreprise se fait pour une longue période, dix ans en général. Pour Altaroc, gérant de fonds de fonds, le chemin pour lancer un fonds est long et débute bien avant les appels de fonds.

Il faut être en avance et le travail en amont commence dès l’année précédente. La qualité de base recherchée dans le choix de gérants qui composeront le fonds de fonds doit démontrer de l’expérience. Cette approche de sélection est très profonde, avec l’analyse du track record : « nous examinons les gérants qui ont prouvé, historiquement dans leur investissement dans les entreprises, une forte croissance de valeur, par le chiffre d’affaires ou l’amélioration de la marge opérationnelle. Nous préférons les gérants qui investissement dans des sociétés peu endettées et sommes réceptifs aux performances développées avec le levier d’endettement le plus faible. Ce qui nous rassure dans la réplicabilité des performances. Le bénéfice d’intégrer plusieurs gérants dans la composition du fonds de fonds, est d’obtenir une diversification supérieure à un fonds classique pour un engagement équivalent, » détaille le CIO d’Altaroc.

Une grille de répartition stricte

Tout en sélectionnant des gérants, les managers de Altaroc confectionnent un portefeuille conçu pour offrir une solution d’investissement diversifiée et sur mesure en maintenant en équilibre une grille de répartition.  Dans la diversification géographique, environ 45 % des entreprises sont américaines, 45 % européennes, 10 % Asiatique et du reste du monde (l’Asie est une région jugée pas encore mature). Les activités des entreprises doivent être résilientes et non cycliques, avec le respect de la grille : logiciels (50 %), santé (20 %), service aux entreprises (20%), la consommation (10 %). Le secteur industriel est écarté car estimé trop cyclique et susceptible de causer plus de problème EGG. « Nous évitons également le venture capital, composé de société qui ne délivrent pas encore de chiffre d’affaires (early start), » explique Louis Flamand, « Ces fonds de « early strart » sont plus risqués, demandent beaucoup plus de patience pour atteindre une rentabilité avec une liquidité réduite. Nous préférons le segment de « growth equity, ces entreprises pas encore en pleine maturité mais avec un bon potentiel croissance et qui dégagent un cash-flow. »

Les fonds choisis pour le fonds de fonds, réalisent leurs investissements endéans les cinq premières années. Une fois le fonds lancé, le souscripteur ne libère pas les fonds dès le premier jour mais théoriquement selon les investissements successifs dans les entreprises.

 « Dans nos fonds Altaroc à durée de vie limitée, par facilité et par simplification, nous étalons les appels de fonds périodiquement, deux fois par an et à date fixe, » explique Guy Flamand. Une fois la prise de participation dans une entreprise, il peut s’écouler presque10 ans avant la cession. Mais en général, les entreprises acquises sont accompagnées entre 5 et sept ans. « Durant cette période, Il faut aussi s’assurer que les sociétés de gestion en qui nous avons donné notre confiance, existent toujours10 ans plus tard.  Durant la crise des subprimes et de Lehman, j’ai vu des firmes explosées. Quelques fois, le départ d’un seul partner peut s’avérer catastrophique. Il est important de s’assurer de la solidité et de la qualité des partners des fonds sélectionnés. »

Un exemple de succès est l’investissement dans l’entreprise Visma, devenue sponsor dans le sport cycliste et active dans le domaine des logiciels. Altaroc a pris le rythme de mettre sur les fonts baptismaux chaque année cinq à sept fonds qui portent le millésime de l’année de lancement.

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Exemple de création de valeur appliqué : le Buy and Build

La surperformance le marché coté s’explique par les multiples éléments.  La stratégie de buy and build (acheter construire et consolider) est une façon de favoriser la création de valeur du capital risque. Cette technique a dégagé un rendement de 12 % minimum (annuel) ces dernières années, en augmentant la taille et leadership de l’entreprise. Dans cette stratégie, le secteur ciblé est très fragmenté avec aucun acteur disposant de plus de 5 % de part du marché. Le fond capital risque investi dans une première cible, idéalement une entreprise leader. Ensuite, l’acquisition de concurrents plus petits en taille, va créer de multiples synergies, mutualiser des couts et des revenus et quelques fois apporter un complément à son activité.  Ces entreprises sont achetées moins chères en termes de ratio car plus petites et plus fragiles. Et la relution mécanique est pratiquement immédiate car le petit acteur est intégré dans le plus grand et son activité revalorisée au niveau du leader avec son intégration. L’opération est répétée avec d’autres firmes, avec chaque fois une mutualisation de revenus et des couts, avec un accroissement de l ’efficacité.  Avec cette répétition, le leader gagne en solidité, de plus en plus incontesté. Plus grand et solide, automatiquement, la valorisation de l’entreprise gagne une valeur supplémentaire par sa taille.

Daniel Pechon

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