Christopher Dembik, Senior Investment Adviser Pictet Asset Management.
L’environnement économique et financier devrait être encore porteur en 2026. La croissance mondiale devrait être proche de son potentiel à 2,6%, avec des tensions inflationnistes limitées.
Les actions mondiales vont continuer de tirer leur épingle du jeu avec une performance estimée à +5%.
Nous continuons de privilégier les actions technologiques et les valeurs de production énergétique dans un contexte de forte demande en électricité.
Aperçu: (comme un air de) «Boucles d’or»
La situation de l’économie mondiale sera plutôt favorable au cours de l’année à venir, La performance des actions devrait en profiter et elles offriront, selon nous, des rendements d’environ 5% en 2026 Indice MSCI All Country World. Dans l’ensemble, nous prévoyons une croissance du PIB mondial de 2,6%, un niveau conforme à sa tendance à long terme, qui limitera les pressions inflationnistes. En effet, les investisseurs se montrent plus optimistes concernant la croissance tandis que leur pessimistes vis-à-vis de l’inflation a reculé (Fig.1). Parallèlement, environ 85% des banques centrales assouplissent leur politique, dans un contexte où le secteur privé accorde de plus en plus de crédits. La croissance solide et les injections de liquidités forment ainsi une combinaison puissante pour les classes d’actifs plus risquées.
Notons toutefois quelques réserves. Tout d’abord, même si les taux d’intérêt continueront de baisser, le rythme de l’assouplissement monétaire ralentira. Les investisseurs devraient donc tabler sur un soutien moins clair des liquidités au cours de l’année à venir par rapport à 2025. Deuxièmement, l’économie américaine sera à la traîne par rapport à ses homologues. Selon nous, la croissance devrait être légèrement inférieure au potentiel, tandis que l’inflation restera étrangement élevée pendant les premiers mois de l’année prochaine, avant de s’apaiser au second semestre. Nos économistes prévoient que la croissance du PIB américain va ralentir à 1,5% en 2026, contre 1,8% en 2025, tandis que l’inflation devrait augmenter à 3,3%, contre 2,9%. Compte tenu de l’importance des États-Unis sur les marchés mondiaux, les marchés d’actions pourraient en pâtir.
Aux États-Unis, les perspectives, loin d’être reluisantes, dépendent des politiques du président Trump en matière de commerce et d’immigration. Les droits de douane moyen subis par les consommateurs américains sont passé d’environ 3% à plus de 10% depuis le «Jour de la libération», en avril. En outre, une chute spectaculaire du nombre de travailleurs étrangers aux États-Unis, avec la forte répression menée par l’administration contre l’immigration, fait pression sur l’offre de main-d’œuvre et donc sur les prix.
Nous pensons que la Réserve fédérale américaine va réagir en réduisant le nombre de baisses de taux d’intérêt par rapport aux prévisions des marchés, malgré les efforts de Trump visant à saper son indépendance. Nos économistes s’attendent à seulement une nouvelle baisse du taux des fonds fédéraux à 3,75% d’ici à la fin de 2026. Celle-ci pourrait provoquer une certaine déception sur le marché obligataire, où le consensus que les taux chuteront jusqu’à 3,0% au cours de la même période. La stabilité des actions pourrait elle aussi être affectée. En effet, les marchés américains affichent des valorisations élevées (les actions se négocient à un multiple de 40x les bénéfices sur une base ajustée en fonction du cycle, soit seulement 10% de moins que le pic atteint pendant la bulle de l’Internet).
Les valorisations des obligations souveraines et de la dette d’entreprise ne semblent pas non plus attrayantes. En effet, notre calcul de la prime de risque composite des États-Unis, qui englobe les actions, les obligations d’État et le crédit, est à son plus bas niveau depuis 2000 et, avant cela, depuis 1974 Prime de risque des actions américaines: rendement des bénéfices sur 12 mois moins rendement réel des bons du Trésor à 10 ans. Prime de crédit aux États-Unis: écart entre les bons du Trésor américains et les obligations américaines de qualité investment grade (66%) et à haut rendement (33%). La prime à terme américaine à 10 ans est estimée à l’aide du modèle ACM de la Réserve fédérale des États-Unis. Source: Revinitiv Datastream, IBES, Réserve Fédérale américaine, Pictet Asset Management. Données au 14/11/2025.. Des performances inférieures à la moyenne pour toutes les principales classes d’actifs semblent donc clairement possibles pour les années à venir.
De plus, même si nous ne pensons pas encore que les actions de l’IA ont atteint des niveaux caractéristiques d’une bulle, nous percevons certaines raisons de s’inquiéter au sujet du groupe d’actions de mégacapitalisation positionnées juste en dessous des sept magnifiques, une cohorte que nous appelons les «TerrificTwenty». Leurs valorisations ont bondi en 2025 sans pour autant s’appuyer sur une croissance des bénéfices proportionnée. Ils sont donc menacés en cas de retournement soudain et spectaculaire.
En revanche, nous pensons que la probabilité d’un emballement du marché est légèrement plus forte (25% contre 20%) que celle d’une correction majeure. Un dernier épisode d’euphorie chez les particuliers concernant les perspectives du secteur de l’IA est encore possible. À en juger par les épisodes passés, il pourrait faire monter davantage le marché. Cette éventualité est d’autant plus crédible si la Fed, poussée par l’administration américaine, abaisse ses taux d’intérêt de manière agressive, ce qui inonderait le marché de liquidités.
Du côté des obligations, le marché obligataire baissier à long terme semble avoir pris fin. Cela dit, des pressions à la hausse restent possibles sur les rendements aux États-Unis, dans la zone euro et au Royaume-Uni, où l’inflation sous-jacente semble s’être stabilisée légèrement au-dessus de l’objectif des banques centrales. Les bons du Trésor américain restent sans aucun doute une position de base pour les investisseurs, mais ils sont également vulnérables en cas de choc négatif, en cas d’accélération de l’inflation américaine sur fond de droits de douane, de contraction du marché du travail et de mesures de relance budgétaire. Selon nous, les investisseurs vont continuer à faire appel à l’or pour se couvrir contre tout accident, même si la forte hausse du métal précieux nous a incités à réduire quelque peu notre positionnement.
Face aux doutes que nous montrons concernant l’évolution de certains points sur les marchés développés, nous sommes beaucoup plus positifs à l’égard de l’univers émergent. La dette, le crédit et les actions des marchés émergents semblent tous attrayants grâce à une convergence de forces positives (pour plus de détails, voir les sections Actions et Obligations ci-dessous). Nous voyons d’un très bon œil le fait que les marchés émergents s’appuient de plus en plus sur des facteurs macroéconomiques et microéconomiques intérieurs (croissance des bases d’investisseurs nationaux, politique économique sensée, institutions plus solides, infrastructure améliorée, main-d’œuvre de meilleure qualité, diffusion de l’IA au-delà la Silicon Valley, son point de départ, etc.) plutôt que sur un simple affaiblissement du dollar, comme cela a été le cas par le passé.
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