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César Pérez Ruiz, CIO et responsable des investissements Pictet Wealth Management.

Tandis que Taylor Swift est la personnalité de l’année selon le magazine Time, l’évolution de l’inflation a de quoi faire danser l’économie américaine sur son tube «Shake It Off». L’indice des prix à la consommation hors alimentation et énergie (la jauge d’inflation préférée de la Fed) a chuté à 3,5% en octobre, un chiffre inférieur aux 3,7% attendus par la banque centrale. Parallèlement, la dernière enquête de l’université du Michigan a montré un recul des anticipations d’inflation des consommateurs. Les offres d’emplois ont diminué de 617 000 à 8,73 millions en octobre, ce qui traduit un fléchissement de la frénésie d’embauche post-pandémie. Un ralentissement de la hausse des salaires devrait s’ensuivre. En revanche, le taux de chômage a chuté à 3,7% en novembre, contre 3,9% en octobre. Cette bonne tenue surprenante du marché du travail a fait grimper le rendement des bons du Trésor à deux ans de 18 pb la semaine dernière, tandis que le rendement du dix ans restait pratiquement inchangé. Le président de la Fed, Jerome Powell, devrait dès lors prendre acte de l’amélioration des indicateurs et décider de conserver les taux inchangés pendant plusieurs mois.

En Amérique latine, les Vénézuéliens ont voté en faveur de l’annexion d’un territoire contesté au Guyana, riche en gisements de pétrole offshore. Dans la foulée, Caracas a demandé aux entreprises étrangères de se retirer, une décision qui aurait dû avoir un impact positif sur les cours du pétrole. Mais l’Angola, deuxième producteur de brut d’Afrique, a promis de ne pas respecter les quotas fixés par l’Opep et la production américaine a augmenté, suscitant des craintes d’offre excédentaire qui ont plombé les cours de référence. Toujours sur le front des matières premières, les contrats à terme sur l’or ont atteint des records la semaine dernière. De fait, le métal jaune offre une bonne protection contre le risque géopolitique et les tensions budgétaires. En Europe, le dépôt de bilan d’un géant de l’immobilier a illustré notre thème de la multiplication des défaillances dans un contexte économique difficile.

Dans le sillage de la Fed, la Banque centrale européenne (BCE), la Banque d’Angleterre et la Banque nationale suisse (BNS) devraient laisser leurs taux directeurs inchangés cette semaine, tout en décevant les espoirs de baisse des taux à des degrés divers. Avec les commentaires d’Isabel Schnabel, membre du directoire de la BCE qui a évoqué un recul «remarquable» de l’inflation, l’un des gouverneurs les plus agressifs de la banque centrale s’est montré plus accommodant. La présidente de la BCE, Christine Lagarde, devrait néanmoins souligner que les baisses de taux ne sont pas à l’ordre du jour et que la stratégie des autorités monétaires demeure tributaire de l’analyse des données. En ce qui concerne la BNS, l’évolution du discours concernant les interventions sur le marché des changes sera scrutée de près, la majeure partie de l’inflation suisse provenant désormais de sources domestiques. En Asie, le yen s’est fortement apprécié face au dollar la semaine dernière, les investisseurs anticipant un resserrement plus rapide de la politique monétaire, sur fond d’accélération de la hausse des salaires. La Banque du Japon fera sans doute preuve de prudence dans les mois à venir. Mais nous continuons à sous-pondérer les obligations d’Etat japonaises, car la banque centrale subit des pressions l’incitant à abandonner son contrôle de la courbe des taux et sa politique de taux négatifs courant 2024. Reflet des inquiétudes causées par la dette des gouvernements locaux et la crise immobilière, Moody’s a abaissé la perspective de la note souveraine de la Chine à «négative». Il semble judicieux de diversifier les investissements en actions asiatiques.

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