Le desserrement rapide des politiques monétaires de la BCE a éclipsé la belle fenêtre de tir dont ont bénéficié les placements obligataires, embrouillant un peu plus la chasse aux rendements.
Cependant, le haut rendement européen a conservé du potentiel et offre une opportunité avec son rendement de 5,5 %, qualifié d’attractif par quelques gestionnaires malgré certaines données qui peuvent semer le doute. Le marché ne doit plus être regardé avec les mêmes yeux qu’au début des années 2000. Démonstration…
Avec un rendement de 5,5 %, les obligations à haut rendement européennes offrent actuellement une prime de 2,5 % par rapport aux obligations Investment Grade (IG) notées de AAA à BBB-.
Le haut rendement obligataire reste une opportunité, même si certains chiffres du marché actuel peuvent déclencher des doutes. Cette classe d’actif ne doit plus être regardée avec les mêmes yeux qu’au début des années 2000. La prime de rendement actuelle offre une rémunération jugée bien suffisante face au risque de cette classe d’actifs obligataires.
Ce qui peut chagriner et faire rebrousser plus d’un investisseur : cette prime de 2,5 % de rendement offert par rapport aux obligations de bonne qualité est bien inférieure à sa moyenne des 20 dernières années et même des 10 dernières années. Cependant cette comparaison est trompeuse, et ce malgré les problèmes et risques géopolitiques qui se sont additionnés aujourd’hui.
Ce qui a changé depuis 2000…
En effet, au début des années 2000, 60 % des obligations qui composaient le haut rendement arboraient une qualité simple de rating B. Aujourd’hui, ces chiffres se sont pratiquement inversés, dans une qualité accrue. Le marché est composé à présent de 70 % de rating BB, reflétant le caractère moins risqué de cette classe d’actif que dans les années 2000.
Ensuite, le marché s’est diversifié. Toujours au début des années 2000, plus d’un tiers du marché était concentré dans le secteur des télécom, un secteur probablement gonflé à l’époque par l’éclosion et l’effervescence de l’internet. Aujourd’hui, le marché a digéré cet excès et est bien mieux équilibré. Plus aucun secteur ne compte ou dépasse nettement les 15 % de pondération de la classe d’actif.
Si le marché subit quelques fois des chocs, il s’en remet très vite. Le rendement élevé de ces obligations est un coussin face aux baisses du marché. A chacune des fortes corrections qui a percuté le marché ces 25 dernières années, pas plus d’une douzaine de mois ont été nécessaires pour récupérer le terrain perdu et remettre les compteurs à zéro. La raison s’explique avec le rendement élevé de ces obligations, contrairement aux actions dont le dividende est nettement plus faible. Le marché action a été chaque fois nettement plus lent que le High Yield à effacer ses pertes.
Au cours des 25 dernières années, en termes de performance, les obligations d’entreprises de qualité IG – avec un rating minimum BBB – ont rapporté 3,7 % chaque année. A mettre en parallèle avec ces autres obligations d’entreprises, celles de la classe du haut rendement – au rating inférieur à BBB – ont offert 5,9 %, soit un bonus de 2,2 % chaque année.
Le risque principal de ces entreprises est leur capacité à rembourser leurs dettes. L’estimation des bénéfices est fondamentale dans la sélection des titres.
Dans une croissance économique devenue faible ces derniers trimestres, les estimations des bénéfices des entreprises du créneau du haut rendement ont été un peu plus chahutées. Mais ces dernières semaines, les dernières données ont été plus rassurantes. Le consensus s’aligne plus, à présent, vers un rebond, selon Kyle Kloc, Senior Investment Manager chez Pictet AM qui ajoute : « le cash-flow est un des chiffres à surveiller le plus près, c’est la pierre angulaire car il traduit mieux la capacité de ces entreprises à rembourser leurs dettes. »
Signe d’une lucidité mais aussi d’états financiers moins rigides, de plus en plus de ces entreprises mal notées ont en quelque sorte profité de la baisse des taux. Au lieu d’attendre les échéances, certaines ont été suffisamment solides et judicieuses d’anticiper, en optant pour un refinancement précoce de quelques dettes aux échéances proches afin de saisir de meilleures conditions mais aussi rééchelonner ces dettes.
Taux de défaut en hausse mais…
L’inconvénient est que le taux de défaut a eu tendance à augmenter au cours des derniers trimestres. Toutefois, ces données doivent être interprétées. Historiquement, la majorité des entreprises en défaut étaient de petite taille. Plus récemment, quelques très grandes entreprises ont connu des défauts de paiement, ce qui a faussé les chiffres. Ainsi, si le taux de défaut semble élevé, il est lié à ces grandes entreprises et à leurs émissions individuelles, plutôt qu’au marché dans son ensemble.
Traduit avec DeepL.com (version gratuite) Ce taux de défaut devrait baisser en 2026 selon Kyle Kloc.
Tandis que le taux de récupération de capital, après un défaut, est aussi plus élevé, en particulier pour les obligations « secured » (qui bénéficient d’une garantie propre à l’émetteur) avec un niveau de 80 %.
Bien différencier ETF et fonds dans le HY
Partisan également d’une bonne ventilation sectorielle et géographique des entreprises émettrices, Bernard McGrath, Senior Client Portfolio Manager Fixed Income chez Pictet AM insiste sur l’importance de la gestion. « Particulièrement dans ce marché du haut rendement et plus que dans un portefeuille obligataire IG, Il est important d’être un investisseur actif, dynamique. »
Depuis l’arrivée de Kyle Kloc au gouvernail de la stratégie Eur-High Yield de Pictet AM en septembre 2023, la surperformance s’est davantage matérialisée par rapport à la famille des ETF :18,5 % contre 14,9% depuis. « Il est également crucial de prendre en compte les fondamentaux des entreprises, ce qu’un ETF ne permet pas, limitant ainsi l’allocation et la flexibilité. » ajoute Bernard McGrath.
Moins risqué que les actions, l’investissement obligataire n’en demeure pas moins complexe et peut exiger un maniement délicat, « une sélectivité accrue », appuie Kyle Kloc.
Le segment des obligations à haut rendement est d’autant plus à privilégier que leur durée relativement courte, de trois ou quatre ans en moyenne, limite intrinsèquement la prise de risque.
A noter encore que le haut rendement européen est moins volatile mais aussi moins risqué par sa structure que le haut rendement américain.