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La 27ème conférence des parties (COP) à la convention-cadre des Nations-Unies sur les changements climatiques s’est tenue du 6 au 18 novembre à Charm el-Cheikh en Egypte. Après les espoirs et le volontarisme affichés en 2021 lors de la COP 26 à Glasgow, les progrès sont bien minces dans un contexte géopolitique mondial très incertain. Face à des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre de plus en plus hypothétiques, les avancées sont à chercher du côté des politiques d’adaptation au changement climatique, en particulier en faveur des pays les plus vulnérables aux risques physiques. Pour autant, au-delà des contraintes à court terme liées au conflit russo-ukrainien et ses conséquences sur les approvisionnements en énergies fossiles (charbon et gaz naturel liquéfié en particulier), les conditions n’ont jamais été aussi favorables à l’accélération des investissements dans les énergies renouvelables et les technologies propres

Derrière de trop timides avancées …

La COP 27 s’est tenue en novembre dans un contexte de crise énergétique mondiale inédit depuis plus de 50 ans. Malgré une volonté forte de s’inscrire dans la lignée des précédentes COP et de réaffirmer l’attachement à l’objectif de limiter la hausse des températures à un niveau nettement en-dessous de 2°C et si possible à 1,5°C, force est de constater que les actes ne suivent pas l’ambition.

Rappelons qu’en 2021 à Glasgow, l’ensemble des pays s’étaient accordés pour revoir leurs ambitions à la hausse en mettant à jour leurs objectifs (au travers de leurs « National DeterminedCommitments » (NDC)). En novembre 2022, seuls 26 des 194 signataires ont effectivement soumis leurs contributions révisées, dont seuls l’Australie, le Mexique, la Norvège, la Turquie et la Thaïlande représentent des poids économiques significatifs (soit environ 5% seulement des émissions mondiales de GES¹).

L’ensemble des engagements actuels pointent vers une baisse de 1% des émissions de GES d’ici 2030 (par rapport à 2019) alors que l’objectif de 1,5°C de réchauffement global nécessiterait une baisse de 43% (soit environ 7% de baisse annuelle moyenne entre 2022 et 2030).

Source: Climate Action Tracker Source: Climate Action Tracker

Entre une impuissance collective à aligner les engagements sur une trajectoire de 1,5°C ou 2°C et la multiplication en fréquence et en intensité des événements météorologiques extrêmes (sécheresse et incendies géants en Europe et en Amérique du Nord, inondations d’une ampleur inédite au Pakistan …), l’attention des participants à la COP 27 de Charm el-Cheikh s’est portée davantage sur le volet adaptation. Cela s’est traduit en particulier par le lancement d’une série d’initiatives visant à améliorer la résilience des communautés et pays les plus à risque face aux conséquences physiques du réchauffement climatique, avec en particulier :

  • Le « Loss and Damage Facility », fonds qui sera financé par les pays développés en réparation des pertes et dommages subis par les pays les plus vulnérables aux effets du changement climatique ;
  • Le « Energy Transition Accelerator », mécanisme de compensation carbone proposé par John Kerry (envoyé spécial des Etats-Unis pour le climat) et visant à demander au secteur privé d’acheter des crédits carbone dans les pays où les entreprises opèrent afin de contribuer à financer la transition énergétique de ces mêmes pays ;
  • Le « Global Shield againstclimate change », initiative annoncée dès le G7 de juin 2022 et précurseur du Loss and Damage Facility cité ci-dessus, visant à aider les pays du V20 (« The Vulnerable Twenty », initiative lancée en 2015 et regroupant maintenant 58 des pays les plus vulnérables au changement climatique). L’Allemagne a ainsi annoncé une première contribution de 170M$, complétée de 40M$ des autres pays. Les premiers bénéficiaires devraient être le Bangladesh, le Costa Rica, le Pakistan et le Sénégal. ​

Ces annonces et la prise de conscience collective de l’importance des politiques d’adaptation ont sauvé le bilan de la COP 27, bien que la majorité des modalités de mise en œuvre soient repoussées à plus tard et que les moyens financiers engagés semblent très faibles face à l’ampleur du défi.

… les ressorts de la transition écologique n’ont jamais été aussi forts

Et pourtant, aussi déstabilisante que soit la situation géopolitique actuelle et ses conséquences sur l’écosystème énergétique mondial, nous entrons dans une phase d’alignement favorable des déterminants de la transition écologique à moyen et long terme :

  • Une prise de conscience généralisée des effets du réchauffement climatique et de ses conséquences économiques et financières (multiplication des événements extrêmes provoquant des interruptions d’activités, menace sur les rendements agricoles, pénuries d’eau …), et donc de la nécessité d’en limiter les impacts ;
  • Une équation économique désormais favorable à la production d’énergies renouvelables, avec un coût de production deux fois moins élevé que les énergies fossiles. Le coût du Mégawattheure d’énergies renouvelables se situe autour de 45$ (pour l’éolien terrestre et le solaire) contre 74$ pour le charbon et 81$ pour le gaz² ​ ;
  • Une nouvelle donne géopolitique entrainant une reconfiguration des chaines d’approvisionnement énergétique avec comme maîtres mots sécurité et indépendance.

Dans ce contexte, les investissements dans les énergies renouvelables et plus largement dans les technologies propres devraient accélérer, la sécurité et l’indépendance énergétique devenant les meilleurs alliés de la transition écologique. Pour rappel, les investissements verts ont représenté un peu plus de 800 milliards de dollars en 2019 dans le monde, encore loin des 4 000 à 5 000 milliards de dollars annuels nécessaires à l’atteinte de l’objectif d’un réchauffement global limité à 1,5°C d’ici 2100.

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